LNPN : Sortir, enfin, de la stratégie du tout ou rien

Le 11 juillet 2012, le Ministre délégué chargé du budget, Jérôme Cahuzac, indiquait qu’il serait nécessaire de revoir à la baisse les projets de lignes TGV prévus dans le cadre du Grenelle de l’Environnement. Évoquant les projets de nouvelles lignes ferroviaires inscrites dans le Schéma National des Infrastructures de Transports, il précisait notamment : « On peut se demander si prolonger telle ou telle ligne TGV pour un gain de temps marginal est préférable à l’entretien du réseau secondaire de transport ferroviaire, indispensable car utilisé par beaucoup. »

Cette déclaration a sonné comme un coup de tonnerre chez les partisans de la Ligne Nouvelle Paris- Normandie (LNPN).

Loin d’être une révélation, cette déclaration corrobore pourtant de multiples alertes lancées notamment par la cour des comptes en 2011 et plus récemment encore dans son rapport sur « La situation et les perspectives des finances publiques » commandé par la nouvelle majorité.

Pour Bérengère Dauvin, Secrétaire Régionale d’Europe Écologie Les Verts Basse-Normandie : « Par cette déclaration, le Ministre Cahuzac confirme les mises en garde lancées par Europe Écologie Les Verts au cours du débat public sur la LNPN : L’incapacité structurelle de l’État à accompagner les projets TGV n’est pas une nouveauté et conduit malheureusement dans de nombreux cas à privilégier des systèmes de partenariats publics-privés (PPP) et des augmentations importantes du coût du billet en aggravant, au passage, la dette de Réseau Ferré de France. Ce système bancal, désormais à bout de souffle, va probablement entrainer l’abandon du projet LNPN. Pour Europe Écologie Les Verts, ce n’est ni une bonne ni une mauvaise nouvelle. Notre ambition de voir une amélioration réelle des conditions de circulation des usagers de la ligne Paris-Caen-Cherbourg demeure intacte. »

Pour Rudy L’Orphelin, Président du groupe Europe Écologie Les Verts au Conseil Municipal de Caen :  » Alors que l’État n’a jamais annoncé le moindre engagement financier sur le projet LNPN, comment imaginer dès lors que ce projet sera retenu par la commission chargée de revisiter les projets de lignes nouvelles ? Là où certains plaident pour la stratégie du tout ou rien, nous devons au contraire faire nôtre la priorité accordée à l’entretien et la modernisation du réseau existant. Cette approche nouvelle est nécessaire car elle permettra de justifier un soutien financier à la résorption des principaux points noirs constatés sur les lignes normandes.« 

Pour Clara Osadtchy, Présidente du groupe des élus Europe Écologie Les Verts au Conseil Régional de Basse-Normandie « Les conclusions du débat public sur le projet LNPN quant aux perspectives de financement – jugées insuffisantes par la Commission Permanente du Débat Public (CPDP) – constituaient des signes avant-coureurs de la déclaration du Ministre Cahuzac. Dans un contexte de crise des finances publiques et devant la nécessité d’apporter une réponse aux usagers bas- normands victimes de dysfonctionnements devenus quotidiens sur l’axe Cherbourg-Caen-Paris, il nous faut réagir et vite. Si elle veut tirer son épingle du jeu, la Basse-Normandie doit présenter un front uni avec la Haute-Normandie et l’Ile-de-France tout en plaidant pour un projet réaliste au plan financier. La mise en œuvre du doublement de Paris-Mantes, indispensable au traitement de l’engorgement chronique de cet axe – et handicapant de fait toutes les liaisons avec la Normandie- est le projet autour duquel l’île de France, la Haute et la Basse-Normandie peuvent se retrouver dans l’intérêt direct de l’ensemble des usagers.« 

Pour Isabelle Attard, députée du Calvados : « Réseau Ferré de France, aujourd’hui endetté à hauteur de plus de 30 milliards d’euros (dont 12 milliards jugés « non amortissables »), n’est plus en mesure d’assurer l’entretien du réseau existant. La création des lignes TGV prévues au Schéma National des Infrastructures de Transports (SNIT), dont la rentabilité économique et l’intérêt environnemental n’ont pas été démontrés, ne ferait qu’aggraver encore la situation. La question qui se pose à la nouvelle majorité est bien la quête d’un autre modèle de financement des infrastructures ferroviaires dans notre pays. Il faut approfondir la réforme largement inachevée de 1997 qui a consacré la séparation de RFF et de la SNCF en deux entités distinctes. Ce constat est aujourd’hui indiscutable. Il faut travailler sur un projet normand avec pour objectifs prioritaires : la ponctualité, la fréquence et l’amplitude horaire de nos trains. Il faut stopper la dégradation d’une situation déjà alarmante. Dans le contexte, c’est bien le pragmatisme qui doit dominer afin de ne pas renvoyer une fois de plus aux calendes grecques la modernisation de la ligne Paris-Caen-Cherbourg.« 

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