Débat à Rouen : Intervention de Pierre LOUVARD

Pierre LOUVARD est élu Europe Écologie les Verts de la Ville de Rouen :

Je voulais parler de la maîtrise du projet. L’opinion publique est encore persuadée qu’on va créer une ligne à grande vitesse, ayant entendu les déclarations imprudentes du Président de la République sur le sujet. Maintenant, c’est bien que le débat public soit ouvert, car on ne parle plus de ligne à grande vitesse – ce qui était absurde, vu la faiblesse des distances – mais de ligne nouvelle à 250 Km/h. On se pose quand même des questions. L’un des succès du TGV français (et en tant qu’écologiste, on considère que c’est un succès dans les lignes qui ont permis un report modal de l’avion vers le train à grande vitesse) était une maîtrise d’ouvrage qui prenait en compte l’infrastructure et le matériel roulant. Or, il s’avère à ma connaissance qu’aujourd’hui en France aucun train ne circule à 250 km/h, on trouve soit des TGV à 300 km/h ou plus, soit des trains classiques roulant à 220 km/h maximum. C’est curieux que pour respecter un cahier des charges qui initialement ne penchait pas par son réalisme, on sorte une vitesse de ligne qui n’existe nulle part en France, avec toutes les questions techniques qui l’accompagnent et toutes les questions posées aux opérateurs ferroviaires, à la SNCF (d’ailleurs, je trouve dommage que la SNCF ne participe pas en tant que tel à ce débat public) et aux constructeurs ferroviaires. Vous expliquez que les opérateurs et les constructeurs de matériel roulant se débrouilleront avec la définition de votre cahier des charges. Ce n’est pas ainsi que le TGV a pu naître et croître à l’intérieur du territoire français. Deuxième problème de maîtrise d’ouvrage, vous envisagez dès maintenant un financement par les partenariats publics privés. 

Que signifie le partenariat public-privé ? RFF abandonne au privé la maîtrise d’ouvrage, avec toutes les conséquences que cela a eues, vous avez parlé tout à l’heure de nostalgie, mais vous êtes nostalgiques des anciennes compagnies privées, qui ont fait faillite et c’est pourquoi on a créé la SNCF le 1er janvier 38, comme cela a été rappelé. Troisième problème de maîtrise d’ouvrage, les scénarios B et C prévoient des gares en dehors des centres des villes desservies. Une gare au milieu de Louviers et de Val-de-Reuil, une autre gare dans la périphérie d’Évreux. Le maître d’ouvrage aurait pu tirer les bilans de ces fameuses gares de betteraves, qui sont un échec et qui sont des aspirateurs automobiles autour de ces gares. Vous m’avez beaucoup choqué, Monsieur de RFF, dans votre réponse à M. MÉNARD sur le fret. Le problème du modal entre le fret et la route, c’est un problème de choix politique. Il semblerait que votre tutelle ait dit au Grenelle de l’environnement qu’il fallait favoriser le fret ferroviaire. J’ai l’impression que vous, en tant que maîtrise d’ouvrage RFF, vous n’en soyez pas tout à fait convaincus. En tout cas, c’est ce qui ressort de la façon dont vous avez répondu au Président du Comité de défense du triage de Sotteville.

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